Lundi 10 février 2025 sur RADIO FM PLUS 91fm Montpellier de 11h à 12h l’émission Traces de Lumière est consacrée à : François VILLON Le testament du pauvre (rediffusion samedi 15 février 2025 de 11h à 12h) – possibilité aussi d’écouter l’émission par internet et ensuite en podcast (https://www.radiofmplus.org/?s=traces+de+lumi%C3%A8re).
La « Ballade des pendus » ou « l’épitaphe de Villon » est l’œuvre la plus connue du poète François Villon, qui a vécu à la fin du Moyen-Âge. Il l’écrit alors qu’il est condamné à mort par pendaison : le poème prend donc des airs de marche funèbre au rythme inquiétant, qui traduit la profonde angoisse de Villon. Celui-ci fait le choix d’une focalisation interne, dans laquelle c’est le mort de demain qui a pris la parole du poète vivant, pour témoigner du sort de ses compagnons de gibet. Pour l’anecdote : après appel, le Parlement annule finalement la peine du poète, mais le bannit ; on perd alors toute de trace de Villon.
La « ballade des pendus » est d’abord l’appel d’un pêcheur pour la rédemption divine, par l’intermédiaire de la prière des vivants. François Villon a eu une vie mouvementée et commis des actes condamnés par l’Église et la morale. Ce décalage entre la réalité de sa vie et ses espoirs spirituels se traduit tout au long du texte par différents procédés. Le poète utilise de nombreux impératifs pour inciter les vivants à prier pour les morts : « N’ayez les cœurs contre nous endurcis », « Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! ». L’attention qu’il porte aux mots à la rime est également révélatrice : elle permet le rapprochement entre l’appel « N’ayez les cœurs contre nous endurcis » et le vers qui consiste en une élévation vers le ciel : « Dieu en aura plus tôt de vous mercis », faisant ainsi un lien direct entre la charité chrétienne, sur terre, et sa conséquence pour la vie éternelle des croyants. Cette balade est ainsi la prière subtile d’un pendu qui émet une double supplication : celle de son propre salut, qui est obtenu par la compassion des vivants, ses « frères » et celle du salut des vivants, qu’ils obtiennent en changeant leur mode de vie, ayant vu le spectacle répugnant du corps des condamnés à la potence. C’est donc l’universalité de la condition humaine, soumise aux lois naturelles et divines, qui se lit dans ce chef-d’œuvre de Villon. Le ton est donné dès le premier vers, par l’apostrophe « frères humains » qui réunit tous les hommes, quel que soit leur statut.
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