Radio divan, pour une psychanalyse populaire #7 : l'argent.

Lucas Bielli, psychanalyste à Montpellier et Guylène Dubois, psychanalyste à Sète animent la chronique hebdomadaire Radio divan, pour une psychanalyse populaire. Deux voix pour explorer un sujet psy.

L’argent, un métal

Pour commencer, l’argent, c’est d’abord un métal précieux, blanc, brillant. Très ductile et inoxydable. L’argent, c’est dans nos sociétés modernes, un instrument de paiement, un instrument de mesure de valeur. Avec l’argent, on définit la valeur d’objets, du temps, du travail, de la relation aussi. Celui qui a de l’argent peut exercer un pouvoir sur les autres.

Le stade anal

En psychanalyse, Sigmund Freud constate dès 1897 que l’argent (dans les rêves, en mythologie) symbolise les excréments. En conséquence, le stade anal, dans le développement de la personne, identifie le moment où l’enfant est éduqué à contrôler ses sphincters. La façon dont le parent gère ce moment d’autonomie de l’enfant provoque des sensations, émotions chez l’enfant. et ces affects éprouvées quand il retient les fèces ou les délivre vont faire mémoire.

L’expérimentation d’un pouvoir sur l’autre

Ces attitudes vont qualifier la relation avec l’autre. A ce stade de son évolution, l’enfant perçoit que s’il « fait caca », s’il donne son caca, il provoque du plaisir chez l’adulte. De fait, ce qu’il donne a de l’importance pour l’adulte qui s’occupe de lui. L’enfant est en mesure de lui donner satisfaction en le gratifiant d’un objet que lui-même produit. L’enfant expérimente le pouvoir qu’il a sur l’adulte en obtempérant ou pas à ses désirs, en lui fournissant ou pas les excréments qu’il attend.

La relation à l’argent en analyse

Au-delà de cette explication psychique, symbolique de la relation à l’argent, qu’en est-il de la rationalité du rapport à l’argent dans un cadre analytique ? Comment réglons-nous notre rapport à l’argent ? Dans la technique psychanalytique, l’analyste aborde la question du paiement de la séance en transparence. Le psychanalyste annonce le prix de sa séance, ou comment il sera rémunéré. Ainsi, Françoise Dolto, en psychanalyse d’enfants faisait payer son travail par un objet apporté par l’enfant lui-même. Le contrat est clair. C’est la transaction admise par les deux parties, qui mesure le temps. Ainsi, c’est l’argent qui est habituellement placé dans cette rationalité de l’échange. il mesure la durée de la séance entre le patient et son psychanalyste.

Payer sa séance, c’est prendre sa responsabilité

Payer sa séance, c’est aussi prendre sa responsabilité dans le travail analytique. En payant son analyste, l’analysant est en mesure de pouvoir prétendre à un gain de son analyse, à un retour sur investissement en quelque sorte.