Radio divan, pour une psychanalyse populaire #5 : le rêve.

Lucas Bielli, psychanalyste à Montpellier et Guylène Dubois, psychanalyste à Sète animent la chronique hebdomadaire Radio divan, pour une psychanalyse populaire. Deux voix pour explorer un sujet psy.

Contexte

Le sujet du rêve passionne les hommes depuis la nuit des temps.

Pour les Grecs, l’homme ne construit pas son rêve, il en est seulement le spectateur. Ce spectacle onirique fait la part belle à la divination. C’est le lieu où Morphée glisse à l’homme des avertissements sur le futur, dans le dos de son Père Hypnos, le dieu du sommeil.

Dans la tradition chinoise, le rêve est associé également à la divination. Cependant, il s’agit de connaître la bonne ou mauvaise fortune. Ici, le domaine des rêves est une porte d’accès donnant sur d’autre monde aussi réel que le nôtre.

Dans les différentes religions monothéistes, malgré quelques différences de termes, le cœur du sens des rêves est d’ordre spirituel. Il s’agit d’un petit miracle universel montrant la voix voulue par Dieu à tout un chacun.

La science actuelle, et particulièrement la branche des neurosciences s’est longuement penchée sur les manifestations cérébrales lors du sommeils paradoxale et non paradoxale.

Il en ressort que l’activité cérébrale la plus forte ce trouve à l’arrière du cerveau. Là où se situe la zone qui comprend l’intégration des sens ainsi que le cervelet, parfois appelé siège de l’inconscient.

Chose intéressante à relever, les différentes régions associées au sens sont stimulées en fonction des expériences vécues lors des rêves. Pour la vue par exemple, lorsque le rêveur reconnait un élément particulièrement distinctement. Il en va de même pour les autres sens mis à contribution.

Il existe également une croyance New âge qui mélange toutes les informations pré citées pour donner forme à une nouvelle signification. Mais là n’est pas le but de cette émission que de débattre sur ce modèle de pensée synthétique.

Le rêve

Pour Freud, l’interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l’inconscient dans la vie psychique.

C’est comme si, chaque rêve interprété donnant lieu à une définition propre, pouvait être relié à un terme psycho-pathologique appartenant à un type de névrose. Ce qui fait la force de la névrose chez Freud, c’est la puissance du refoulement. Que le rêve mettrait donc en évidence. Cependant, il ne faut pas bondir sur le contenu manifeste du rêve, qui agit là comme trompe l’œil. Par exemple, rêver de manger une glace, ne signifie pas vouloir manger une glace. Il faut rechercher le contenu latent, c’est à dire déchiffrer le désir caché et enfoui. Celui qui se cache derrière l’envie de manger une glace, si je reprends cet exemple.

Le but pour Freud, c’est donc de déchiffrer les désirs refoulés qui sont la racine des pathologies actuelles de ses patients. Grâce aux rêves, les désirs refoulés s’expriment. A nous d’en déchiffrer le sens.

Pour Jung

Pour Jung, le rêve n’est pas qu’accomplissement de désirs et souhaits inconscients. C’est bien plus que cela. C’est un chemin onirique qui, par bien des formes différentes, mènerait au monde des causes, à l’origine de toute chose. Ici, l’expérience empirique de chaque homme serait autant de variation différente. Elle mènerait dans tous les cas à un résultat commun et universel. Soit, la genèse de la psyché. Cette vision de Jung se rapproche de la définition du ciel et du temps de Platon, que nous avons évoqué lors de l’émission sur le sujet de Temps. Celle d’une image éternelle et Immobile laissant naître un monde changeant, mortel et mobile.

La question du temps et du rêve, de Chronos et de Hypnos, partage des valeurs communes. En effet, tous deux évoluent sur deux plans distincts. D’une part dans un réel ou les règles sont définies par ce que nous pouvons saisir du temps et de l’espace, et de l’autre du côté de l’imaginaire, donc de l’image, où les règles changent.

Dire que les rêves et l’inconscient se jouent du temps est valable pour le réel, mais non pour le monde de l’Image. Les règles sont juste différentes. Car l’inconscient n’est pas absolu du temps, il s’en nourri et s’y déplace.

Le rêve sur les réseaux.

Sur YouTube nous retrouvons à la première place avec 57 millions de vue, Rêves bizarres de Orelsan, suivi de près par ce rêve bleu avec 46 millions de vue, fameuse chanson du dessin animé Disney. Le rêve d’Europe tue encore au large de la Libye occupe la troisième place. Avec 34 millions de vues.

Dans la globalité, la majorité du contenu s’apparente à des chansons ou le thème du rêve est abordé en grande majorité comme rêve de richesse menant au bonheur.

A noté que le sujet du rêve dépasse plusieurs fois le million de vues dans le cadre de vidéo dédiée à la signification du rêve dans l’Islam.

L’on peut donc constater que le sujet du rêve attire primo généralement pour les désirs individuels, secundo par intérêt spirituel et tertio pour une meilleure connaissance de la psyché.