Guylène Dubois, psychanalyste à Sète et Lucas Bielli, psychanalyste à Montpellier reçoivent Gregory Martinez, artiste peintre.
Art et psychanalyse
Dans la théorie de la psychanalyse freudienne, la création artistique est associée au mécanisme de la sublimation. Qu’est-ce que la sublimation ?
Le mécanisme de la sublimation
Le terme sublimation dérive des disciplines de la chimie, des beaux-arts et de la psychologie. S. Freud a conceptualisé le terme en 1905 pour désigner l’activité humaine artistique qui prend sa force dans la pulsion sexuelle, qu’il distingue des pulsions d’auto-conservation.
Deux sortes de pulsion
La pulsion dans le sens freudien est une excitation psychique, sexuelle, une énergie motrice dans notre activité psychique. S. Freud distingue deux sortes de pulsion. L’une qui aurait pour origine une excitation externe, que l’individu peut fuir, éviter, et l’autre une excitation d’origine interne, cette dernière étant imparable. La pulsion prend sa source à la frontière entre le somatique et le psychique. Quand cette pulsion ne parvient pas à être réalisée, elle est dérivée de son but sexuel pour investir d’autres endroits, socialement valorisés, beaux et reconnus. L’accomplissement dans l’art en est un merveilleux exemple. Pour Anna Freud, la sublimation fait partie des mécanismes de défense.
Processus de défense et création
Mais la sublimation renvoie à la fois à ce processus de défense et à une aptitude à la création. Dans la sublimation, on assiste à un déplacement de la pulsion, un déplacement de l’énergie psychique, interne à l’individu vers une activité humaine créatrice, esthétique. Il y a une transformation d’un matériel pour accéder au beau, à l’esthétique, une transformation d’un matériel brut la pierre par exemple vers une nouvelle composition, la sculpture pour suivre notre exemple. La pulsion première, primaire se déplace vers une destinée culturelle. C’est cette aptitude de la pulsion à se déplacer vers une fonction culturelle qui est nommée sublimation. La sublimation serait cette aptitude à déplacer la pulsion vers un objet plus élevé que la satisfaction sexuelle et permet à l’individu, de passer du sexuel au social. Avec la sublimation, il y a l’idée d’idéalisation, d’exaltation, de sublime.
Souvenir d’enfance de Leonard de Vinci
S. Freud a écrit sur l’expérience artistique et le processus créatif. Dans un Souvenir d’enfance de Leonard de Vinci (1452-1519), il étudie la biographie du peintre pour comprendre son génie créateur et en conclut que le peintre a mis en sommeil ses pulsions sexuelles pour atteindre son art. Cela dit, son interprétation a fait l’objet de polémiques et son analyse est remise en question par les historiens de l’art et leurs critiques seront réprouvées par une orthodoxie psychanalytique. Il n’en reste pas moins que le fondateur de la psychanalyse était fasciné par le grand créateur de la Renaissance et il écrira en parlant de son essai sur Léonard de Vinci que “c’est la seule belle chose que j’ai écrite”. (1919)
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