RAID dingue est l'histoire d'une femme, Jo Pasquali (Aline Pol) pour qui  l'ambition de sa vie est de rentrer dans le RAID, être la première femme à entrer dans le RAID, l'élite de la police. Sa motivation ? Sauver le monde de sa détresse, épargner les hommes de vivre en souffrance,  sauver sa vie.  Sa vie, c'est celle de la fille du premier ministre, Jacques Pasquali (Michel Blanc), père protecteur qui finit par appuyer la candidature de sa fille pour entrer dans le RAID.   Sa fille unique, promise en mariage à un homme fortuné, Edouard Dubarry (Patrick Mille) qui sera recrutée et formée par Eugène Froissard (Dany Boon). Jo Pasquali, distraite, gourde, naïve, belle a toutes les qualités pour subir les invectives d'un formateur machiste, et le désir des hommes recrutés. 

RAID dingue est un hommage.  Le RAID – Recherche assisance intervention dissuasion – est une unité de la police nationale, créée en 1985, lutte contre le terrorisme et toutes formes de crimininalité. Ses trois principales missions sont la gestion des situations de crise, la lutte antiterroriste et la protection des autorités. Dany Boon, le réalisateur de RAID dingue n'omet aucune de ces qualités : Jo va devoir escorter le président de la République, intervenir lors d'une prise d'otages, s'opposer à des terroristes. A la lecture du générique de fin du film où sont mentionnés les remerciements appuyés à la police national, au souci d'être au plus près de la réalité des entraînements du RAID et  de leurs interventions, en mémoire des drames de  l'année 2016, ce film est sûrement un hommage au RAID. 

RAID dingue est une comédie, dont les ressorts comiques s'appuient sur le cliché attendu de la présence d'une femme dans un groupe exclusivement masculin. Les propos machistes fusent de sa hiérarchie, de son entourage  et des scènes trop nombreuses accentuent le côté maladroit d'une femme équipée d'une combinaison noire, d'un casque et d'une cagoule, et armée. Les dialogues manquent de sel, et les scènes répètent les mêmes situations où Jo Pasquali passe pour une gourde qui parvient toutefois à réussir sa mission. Deux scènes m'ont particulierement amusée. La première dans un fourgon de surveillance quand elle constate les modulations de sa voix sur la témoin sonore de l'écran. Anita Pol s'amuse longtemps , devient clown. La seconde  scène drôle et juste est celle où Édouard avoue la frousse qu'il éprouve quand Jo le taquine un peu rudement. Il lui avoue enfin son complexe. Tous les deux se lâchent dans un fou rire touchant et crédible. Mais les scènes qui appuient longtemps (les 3/4 du film) sur les maladresses, les incompétences d'Anita finissent par lasser.    

RAID dingue et la question du genre.  Avec la mise en scène du défilé de la gay pride, le questionnement de la mère de son fiancé sur qui fait l'homme ou la femme dans un couple de travestis. Là encore, ce film présente des situations aujourd'hui dépassées et donnent à RAID ding un côté réactionnaire. Les ressorts du rire se logent se nichent malheureusement trop souvent dans des clichés sociétaux dépassés. 

Entre le film d'action, la comédie et le le pseudo regard bienveillant sur la place d'une femme dans un corps d'élite masculin, il aurait été préférable que la comédie s'oriente délibérément vers une comédie d'action. Ce film aurait pu atteindre l'efficacité d'un film d'action comique en insistant moins sur l'étonnement d'une femme dans une équipe du RAID. Nous sommes depuis longtemps habitués aux exploits d'une Lara Croft.

En salle Gaumont, à partir du 1er février 2017. 

 

[BLOG] Raid dingue, une femme dans un monde d’hommes. Et alors ?

Guylène DUBOIS


Guylène Dubois est psychanalyste à Sète et anime deux émissions sur FM-PLUS : Radio divan, pour une psychanalyse populaire et l'Afrique dans tous ses états. Son site internet : http://surledivansetois.com


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