4 commentaires sur “Matinale de FM Plus 10h10-10h45 Lundi 31 Mars : André Perrin”
à propos du débat politique, il me semble qu’il est aussi basé pour une part sur la raison, justement parce qu’elle s’oppose à la passion et qu’elle a plus de « chance » de convaincre un interlocuteur. La raison semble être mis en avant comme quelque chose d’universel que tout un chacun a en soi et qu’il y est sensible, contrairement à la violence, qui cherche à intimider, contraindre et forcer. On veut donner à la raison la fonction d’accompagner et de parler de façon modérée. Mais qui ne c’est jamais entendu dire : « sois raisonnable », une façon que j’estime malhonnête de dénigrer chez l’autre la part modérée qui existe en lui et qui fait partie de sa « normalité ». Comme si celui qui le dit était a priori possesseur de cette raison qu’il dénie à l’autre; pour moi, c’est « disqualifiant » comme de dire : « tu es antisémite » ou « tu es islamophobe ». Ma question est : quand le débat commence à prendre cette tournure, faut-il se justifier ou faut-il arrêter la discussion avec cet interlocuteur ?
Je n’ai pas contesté que le débat politique fût « basé pour une part sur la raison ». J’ai dit que, dans la mesure où il était l’expression normale du combat politique, il gardait inévitablement la « trace » de ce combat. Je n’ai pas dit qu’il ne s’adressait pas à la raison, mais qu’il ne s’adressait pas « uniquement » à elle et qu’il jouait « aussi » sur les passions. Je n’ai pas dit qu’il était purement violent, mais qu’il conservait « une certaine forme de violence ».
S’agissant de votre question finale, je dirais qu’on ne peut répondre qu’à des arguments. Je peux montrer à mon interlocuteur que s’opposer à la politique du gouvernement israélien n’implique aucune haine des juifs, que s’opposer à l’islamisme politique ou critiquer la religion musulmane n’implique aucune haine des musulmans, mais à des injures, il n’y a en effet rien à répondre.
à propos du débat intellectuel que certains font suivre d' »actions militantes », est-ce qu’il n’est pas « naturel » dans la mesure où l’on est convaincu de certaines « vérités » de les faire suivre d’actions qui donnent toute son importance à sa vie en société. Ma question est : André, quelles sont vos actions dans la société qui répondent à vos idées dans les débats intellectuels de toutes sortes pour ne pas se limiter à la recherche intellectuelle de vérités? (A titre d’exemple collectif mais cela vaut aussi à titre individuel, à quoi servent les lois votées démocratiquement, discutées auparavant avec forces amendements, si elles ne sont pas appliquées par la suite ?)
Que le débat intellectuel soit suivi d’actions militantes ne pose aucun problème. Ce qui lui est nuisible, parce que cela le dénature,au sens propre du terme, c’est d’être lui-même transformé en action militante. Le savant en tant que savant a pour tâche de se consacrer exclusivement à la recherche de la vérité ; mais rien ne s’oppose à ce que, en tant que citoyen, il s’engage dans un combat politique. C’est ce que disait Max Weber du professeur : « S’il se sent appelé à participer aux luttes (…), il lui est loisible de le faire hors de la salle de cours, sur la place publique, c’est-à-dire dans la presse, dans les réunions publiques, dans les associations, bref partout où il le voudra » (Le savant et le politique Plon, 1959, p.97)
à propos du débat politique, il me semble qu’il est aussi basé pour une part sur la raison, justement parce qu’elle s’oppose à la passion et qu’elle a plus de « chance » de convaincre un interlocuteur. La raison semble être mis en avant comme quelque chose d’universel que tout un chacun a en soi et qu’il y est sensible, contrairement à la violence, qui cherche à intimider, contraindre et forcer. On veut donner à la raison la fonction d’accompagner et de parler de façon modérée. Mais qui ne c’est jamais entendu dire : « sois raisonnable », une façon que j’estime malhonnête de dénigrer chez l’autre la part modérée qui existe en lui et qui fait partie de sa « normalité ». Comme si celui qui le dit était a priori possesseur de cette raison qu’il dénie à l’autre; pour moi, c’est « disqualifiant » comme de dire : « tu es antisémite » ou « tu es islamophobe ». Ma question est : quand le débat commence à prendre cette tournure, faut-il se justifier ou faut-il arrêter la discussion avec cet interlocuteur ?
Je n’ai pas contesté que le débat politique fût « basé pour une part sur la raison ». J’ai dit que, dans la mesure où il était l’expression normale du combat politique, il gardait inévitablement la « trace » de ce combat. Je n’ai pas dit qu’il ne s’adressait pas à la raison, mais qu’il ne s’adressait pas « uniquement » à elle et qu’il jouait « aussi » sur les passions. Je n’ai pas dit qu’il était purement violent, mais qu’il conservait « une certaine forme de violence ».
S’agissant de votre question finale, je dirais qu’on ne peut répondre qu’à des arguments. Je peux montrer à mon interlocuteur que s’opposer à la politique du gouvernement israélien n’implique aucune haine des juifs, que s’opposer à l’islamisme politique ou critiquer la religion musulmane n’implique aucune haine des musulmans, mais à des injures, il n’y a en effet rien à répondre.
à propos du débat intellectuel que certains font suivre d' »actions militantes », est-ce qu’il n’est pas « naturel » dans la mesure où l’on est convaincu de certaines « vérités » de les faire suivre d’actions qui donnent toute son importance à sa vie en société. Ma question est : André, quelles sont vos actions dans la société qui répondent à vos idées dans les débats intellectuels de toutes sortes pour ne pas se limiter à la recherche intellectuelle de vérités? (A titre d’exemple collectif mais cela vaut aussi à titre individuel, à quoi servent les lois votées démocratiquement, discutées auparavant avec forces amendements, si elles ne sont pas appliquées par la suite ?)
Que le débat intellectuel soit suivi d’actions militantes ne pose aucun problème. Ce qui lui est nuisible, parce que cela le dénature,au sens propre du terme, c’est d’être lui-même transformé en action militante. Le savant en tant que savant a pour tâche de se consacrer exclusivement à la recherche de la vérité ; mais rien ne s’oppose à ce que, en tant que citoyen, il s’engage dans un combat politique. C’est ce que disait Max Weber du professeur : « S’il se sent appelé à participer aux luttes (…), il lui est loisible de le faire hors de la salle de cours, sur la place publique, c’est-à-dire dans la presse, dans les réunions publiques, dans les associations, bref partout où il le voudra » (Le savant et le politique Plon, 1959, p.97)