Lucas Bielli, psychanalyste à Montpellier et Guylène Dubois, psychanalyste à Sète animent la chronique hebdomadaire Radio divan, pour une psychanalyse populaire. Deux voix pour explorer un sujet psy.
Bande annonce du film Débâcle / de Veerle Baetens.
Le contexte
Pour évoquer la question du suicide, j’ai choisi la bande annonce de ce film de Veerle Baetens, Débâcle (titre international When it melts) sorti dans les salles françaises le 28 février 2024. Débâcle est un film belge et néerlandais de la réalisatrice belge Veerle Baetens.
Rosa Marchant joue le rôle principal, Eva, quand elle est adolescente et a reçu le prix de la meilleure actrice lors du Festival du film de Sundance 2023. Le Sundance Institute est une organisation à but non lucratif américaine fondée par Robert Redford en 1981 qui participe à la promotion et la production du cinéma indépendant au niveau mondial. Le festival du film de Sundance (Sundance Film Festival) est le principal festival américain de cinéma indépendant, et l’un des principaux au monde.
Eva adulte est interprétée par Charlotte de Bruyn.
Débâcle est le premier film réalisé par l’actrice et chanteuse Veerle Baetens qui a joué dans Alabama Monroe film de Felix Van Groeningen sorti en 2012.
Débâcle raconte l’histoire d’une femme d’une trentaine d’année à peine qui organise son suicide après être retourné dans sa ville natale. Adolescente, Eva a connu, avec ses amis d’enfance, un moment grave et dramatique qui a dévasté sa vie.
Le film Débâcle est réalisé à partir du livre éponyme de Liz Spit paru en français chez 10/18 en 2018 et dont c’est le premier roman.
Le suicide en analyse
Dans le Monde daté du lundi 26 février 2024, Mattea Battaglia et Camille Stromboni écrivent que le mal-être profond et les passages à l’acte sont en hausse chez les 18-24 ans tout en stagnant dans les autres classes d’âge. Charles Edouard Notredame, psychiatre au CHU de Lille et coordonnateur de la ligne d’écoute 3114 de prévention du suicide rapporte que la crise écologique, guerres, les risques sanitaires et les manques de perspective, bref le contexte anxiogène ont des conséquences négatives à l’âge de l’adolescence. Cette tendance a été rendue publique lors de la Journée nationale de prévention du suicide qui a lieu le 5 février de chaque année. Les pensées suicidaires sont multipliées par plus de deux depuis 2014 dans cette tranche d’âge citée (les 18-24 ans). Mais malheureusement, les services de soin sont saturés en psychiatrie et pédopsychiatrie. Enfin, le suicide représente la deuxième cause de décès en France pour les 15-24 ans, après les accidents de la route.
L’adolescence est la phase de la vie de toutes les vulnérabilités, écrit Rose Moro dans ce même article du Monde. Cette psychiatre entend le sentiment d’isolement de ces jeunes qui ne veulent pas inquiéter leurs parents, comme si ces adultes étaient plus fragiles que leurs ados.
Toutefois, dans le film Débâcle il s’agit d’un événement intime qui déclenche la déflagration intérieure. De plus, Eva est une jeune fille qui se livre peu à sa famille, avec une mère alcoolique et distante. Elle partage ses jeux avec deux copains, et forme avec eux les Trois mousquetaires. Mais, ce drame intervient dans un contexte où l’un de ses copains, Tim, perd par accident son frère aîné, garant de leur sécurité. La maman du deuxième copain, Laurens, est comme une mère pour elle, jusqu’au jour du drame, qu’elle nie et dénie la souffrance d’Eva.
La tentative de suicide peut montrer des mobiles d’apparence futile mais cache l’existence d’un profond désespoir. La tentative de suicide est un appel à l’aide face à une problématique qui paraît insurmontable. La TDS semble être pour le sujet la réponse pour arrêter de souffrir. Souffrir d’une perte subie par le moi, comme un deuil, mais aussi le ressenti d’un sentiment de honte, de jalousie, d’échec. Le suicide est un processus mélancolique, caractérisé par une grave dépression qui l’accable et réduit ses activités intellectuelles et psychiques.
Conclusion
Avec ce film, Débâcle, qui aborde les traumatismes des violences sexuelles vécues dans l’enfance, se déroule une expérimentation du soutien psychologique à l’issue de la projection avec des membres d’association de protection de l’enfance ou de prévention suicide. Ce concept ciné-safe est proposé par La Grande distribution en France, une société qui vient en renfort d’accompagnement des films au service des distributeurs fondée Mélanie Simon-Franza, sa gérante. Mélanie Simon-Franz présente le ciné-safe comme un espace où quelles que soient les émotions ressenties “on est là avec vous et on ne vous laissera pas tomber. C’est une sorte de tremplin ou de médiation entre le ciné-débat et le psychologue.” Après le film, on a la parole.
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