L’invité de Lucas Bielli, psychanalyste à Montpellier, Manu des Lullies et des Grys-grys évoque son enfance, sa passion pour la musique, son parcours de musicien et ses rêves.
Punk rock et psychanalyse (389 mots)
A Radio divan dans les studios de FM PLUS, nous avons aujourd’hui le plaisir de recevoir Manu du groupe les Lullies. Les Lullies un groupe montpelliérain de punk rock. Il m’incombe de faire le lien entre rock et psychanalyse.
La musique rock
D’abord, la musique punk rock témoigne d’ une rébellion contre la société. De son côté, quand S. Freud s’oppose aux soins violents qui sont apportés aux femmes souffrant de paralysie des membres inexpliquée, femmes qu’on a qualifiées d’hystériques, le psychanalyste naissant se rebelle contre l’institution psychiatrique de cette fin du 19ème siècle allemand. Freud va s’approcher de ces femmes, les écouter dans leurs plaintes et se démarquer de la meute psychiatrique dominante.
Un individualisme par anticonformisme
Ensuite le rock exprime un individualisme par anticonformisme. Qu’est-ce que la psychanalyse sinon un anticonformisme par nature ? S’allonger sur un divan, associer librement ses pensées. Les communiquer à une personne qui vous tourne le dos et ne veut que vous entendre pour mieux vous écouter. N’est-ce pas là un moyen unique pour laisser s’épancher l’individu hors du regard de l’autre ? hors du jugement, ignorant l’expression du visage de l’analyste ? L’authenticité de l’individu est invitée à s’épanouir, hors des conventions sociales et consensuelles.
Le sexe et la mort
Enfin, les sujets de prédilection du rock et du punk ne sont-ils pas le sexe et la mort ? La mort par les drogues qui frôlent la pulsion de mort ? Est-il besoin de rappeler que les Trois essais sur la théorie de la sexualité écrits par Sigmund Freud en 1905 ont posé une bombe sur la vision de l’évolution de l’être humain ? en disant en effet que la sexualité non génitale est présente chez l’enfant dès ses premiers jours. Enfin, là encore subversion freudienne, quand le psychanalyste en 1920 identifie cette force mortifère au principe même du désir humain, force qu’il appelle pulsion de mort, en opposition aux pulsions de vie. Il met ainsi en lumière cet “au-delà du principe de plaisir”, caractérisé par la répétition de séquences éprouvantes. Celles-ci suggèrant une toute autre logique que celle du principe de plaisir.
L’inconscient agressif
Alors oui, les histoires du rock et de la psychanalyse sont liées dans l’agressivité de l’inconscient collectif. Et cela contre l’individu et par leur façon respective de faire vibrer le non-dit, le pas possible à dire et j’emprunte cette expression à Manuela Rebotini, dans Totem et tambour.
Guylène Dubois, psychanalyste à Sète.
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