Lundi 13 janvier 2025 sur RADIO FM PLUS 91fm Montpellier l’émission Traces de Lumière de 11h à 12h est consacrée à Venise au temps de Vivaldi (rediffusion de l’émission samedi 18 janvier 2025 de 11h à 12h –vous pouvez écouter aussi par internet et ensuite en podcast https://www.radiofmplus.org/?s=traces+de+lumi%C3%A8re)

La première partie de l’émission est consacrée aux quatre saisons d’Antonio VIVALDI. Chacun des quatre concertos est précédé d’un poème : un sonnet de quatorze vers, peignant l’atmosphère et les différentes péripéties du concerto lui-même. On suppose que Vivaldi a écrit les quatre sonnets.

Dans la deuxième partie de l’émission des extraits de mon carnet de route mon regard sur Venise :
voici la dernière page :

L’essence première de Venise : créatrice de beauté, de théâtre et de poésie, semble se trouver dans
une certaine qualité de lumière et d’atmosphère. Venise n’a pas une forme, mais un nombre infini de formes. Elle n’est jamais la même. Elle ne cesse de bouger, parce que sa lumière ne cesse jamais de la créer et de la créer différente. Cela tient sans doute au fait que cette lumière ne se pose pas sur la terre, mais sur l’eau : et l’eau qui ne s’endort jamais, reflète et multiplie sans relâche les variations du ciel. Emprisonnée entre deux miroirs qui se renvoient la lumière et l’ombre, Venise vit dans l’insaisissable contraste du jour qui la fait et de la nuit qui la défait, dans le frémissement, dans la palpitation, dans la familière alternance d’un consentement fugitif et d’une fuite constante. Et puis vient le vent qui agite les ondes, chasse les nuages, allume et éteint les espaces qu’il traverse. Il suffit d’un souffle de Garbino ou de Libeccio pour que la mer de Venise- cette mer intérieure qu’est la lagune- change de teintes, de vibrations, d’intensité lumineuse. Il suffit d’une nuée légère, effleurant un moment la face du soleil, pour que toute la splendeur de
l’eau et du ciel se ternisse ; et les couleurs qui brillaient à l’instar de pierres précieuses s’éteignent, et les choses qui étaient comme posées sur nos yeux se voilent en s’éloignant pour se perdre à la fin dans un demi-jour. Sourd et muet-

Et puis il y a l’absence du vent : le vide qu’il laisse après lui lorsqu’il s’en est allé. La lagune alors
est une vaste plaque d’acier ou un dallage de lapis-lazuli ; le ciel un dais de soie pervenche, bruiné
d’argent. Il y a le brouillard, qui dissout lagune et maisons, qui étouffe d’ouate l’entrée des canaux. Il y a la
pluie qui emprisonne dans une cage de fils luisants et arpégeants l’oiseau versicolore nommé
Venise. Enfin il y a la lune ; les deux lunes qui se regardent, l’une d’en, l’autre d’en bas. Elles répandent à
l’entour un or pâle, un or rouge, des jacinthes et des violettes… C’est le charme singulier de
Venise. Il n’est personne qui, pénétrant dans son univers n’ait d’emblée l’impression, au moins confuse,
de quitter le monde ordinaire et de se trouver ailleurs. Ailleurs : c’est-à-dire dans un monde où les lois d’espace et de temps sont chargées où tout ce qui d’habitude est assis et stable sur terre chancelle et ondoie, où, même, les frontières entre le passé et le présent, entre la veille et le rêve, ne sont plus aussi nettement marquées qu’auparavant.
C’est le halo d’enchantement !

Traces de lumière : Venise au temps de Vivaldi

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