Lundi 06 mai 2024 de 11h à 12h (rediffusion de 20h à 21h) sur RADIO FMPLUS 91fm Montpellier l’émission Traces de Lumière est consacrée à Jean-Claude RENARD Métamorphose du monde. Vous pouvez écouter l’émission aussi par internet et ensuite en podcast www.radiofmplus.org
Dans Cantiques pour des pays perdus, les poèmes de Jean-Claude RENARD lui ressemblent avec ces grandes pluies qui laveront la terre cet enfant fabuleux qui dira des légendes, ces pays lumineux qui parlent de la mer ou ces pays hantés par une fausse mort où il ne faut pas mourir de froid. L’ensemble des poèmes est baigné par une belle lumière et de la fraîcheur dans la gravité – Jean-Claude RENARD écrit : Nous recréerons des villes lumineuses. Et toujours l’exploration de la Haute-Mer où l’enfant amoureux de cartes et d’estampes rêve de voyages avec les mots de l’exotisme –
Explorations
Je cherche des pays pareils à l’aventure, végétaux, traversés d’enchanteurs inconnus, des pays d’albatros que
mon cœur a perdus dans les brumes du Sud, dans les terres obscures. Ils flottent sous la mer et leurs amours sont noirs et mon amour mortel ne sait plus qu’ils m’attendent avec des corps d’arums, de cuivre, de lavande et que dort dans mon sang la couleur de leurs soirs. J’ai dit le mot nocturne et bu les eaux sauvages, j’ai touché l’or, le feu — j’ai suivi des voyages d’où je n’ai rapporté que des oiseaux mourants. Où sont ensevelis les pays qui m’appellent, dans les algues, le sel, dans la chair des enfants, — n’ont-ils pas transmué ma race rituelle ?
Comme un mage ancien, comme un roi de légende je tuerai les sorciers qui saignent sur la mer, les démons
au corps triste et les esprits des landes qui remontent en moi de mon premier enfer. J’ai vu dans des pays plus doux que des enfances le ciel antérieur où chantent les soleils, le feu des grandes fleurs qui guérissent l’absence et les jours épaissis des déluges vermeils. Quand j’aurai découvert les nouvelles contrées que désolent encor tant de lunes glacées un sortilège blanc inventera ma faim. Les départs me prendront avec leurs mains de femme, des mains pleines de nuit, de coqs et de parfums dont les amours poignants ont envoûté mon âme.
Il est près de la mer un pays transparent, un pays d’arbres frais et de poissons étranges où j’irai voyager avec un corps d’enfant, il est un pays vert profond comme des anges. Je ne veux pas mourir dans l’odeur de mon sang avant d’avoir aimé ce pays sans mélange dont j’ai le cœur chargé de l’amour déchirant, ce pays de cristal, d’or, de raisins, d’oranges. Un prince plus secret que le sommeil d’Adam me hante depuis tant de taciturnes vies qu’il me faut m’en aller vers les pays puissants. Y trouverai-je encore les plantes et les pluies que désire ma soif comme un matin natal, les philtres fabuleux qui calmeront mon mal ?
Pour Jean-Claude RENARD le sens ultime de la métamorphose est l’aspiration à la spiritualité. La transmutation dernière du monde est la nouvelle terre du ciel, la renaissance, l’apparition du corps céleste, du corps de gloire. Jean-Claude RENARD écrit : La vraie plénitude de l’homme et du monde commence là où s’arrête la parole poétique, au-delà d’elle, dans la force poétique meure pour devenir de l’amour vivant : il faut que la parole porteuse du Verbe vivant, et alors trouver une force nouvelle, un pouvoir d’unification dans la réalisation, un pouvoir de célébration et de consécration. Plusieurs recueils de poèmes feront suite à Métamorphose du monde et témoigneront d’une profonde spiritualité. Jean-Claude RENARD s’affirme comme un grand poète de la transparence divine, pour lequel seul le mystère fonde l’être –il s’agit d’une poésie chrétienne, sans aucun doute, mais exprimée dans une langue qui rajeunit et rafraîchit le regard de la foi pour une dimension plus humaine et plus cosmique. En particulier dans le recueil En une seule vigne – C’est la rencontre de la parole avec le Verbe.
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