Sándor Ferenczi
1/ Introduction
Sándor Ferenczi est né le 7 juillet 1873 à Miskolc, en Hongrie. Il était le huitième de douze enfants d’une famille juive. Son père, Baruch Fränkel, a changé le nom de famille en Ferenczi en 1870 pour des raisons de convenance sociale. Ferenczi a suivi des études de médecine à l’université de Vienne et a obtenu son diplôme en 1894.
Après avoir terminé ses études, il a exercé la médecine à Budapest et s’est spécialisé en neurologie. Il s’est intéressé à la psychanalyse après avoir lu « L’interprétation des rêves » de Sigmund Freud en 1900 et a entamé une correspondance avec lui. Il a finalement rencontré Freud en personne en 1908 et est devenu l’un de ses plus proches collaborateurs et un membre clé du cercle psychanalytique de Vienne.
Ferenczi a été l’un des premiers à introduire la psychanalyse en Hongrie et a fait de nombreuses contributions significatives à la théorie et à la pratique psychanalytiques. Il a exploré des sujets tels que la sexualité infantile, le rôle du trauma, l’importance du contre-transfert dans la thérapie, et a proposé une approche plus active de la technique psychanalytique.
Cependant, les idées progressistes de Ferenczi ont parfois créé des tensions avec Freud et d’autres membres de la communauté psychanalytique. Par exemple, sa théorie de la « confusion des langues » entre l’adulte et l’enfant dans les abus sexuels a été largement critiquée et rejetée à l’époque. De même, sa technique active, qui impliquait une participation plus active du thérapeute, a été controversée. Et c’est justement sur ces points que nous allons revenir aujourd’hui.
2/ La théorie de la « confusion des langues entre adultes et enfants »
Elle fait référence à la dynamique abusive où un adulte impose un discours de sexualité adulte sur un enfant, qui est alors incapable de comprendre ou d’interagir adéquatement avec ce discours.
La confusion des langues se produit lorsque l’adulte impose un « langage adulte » de désir et de sexualité à l’enfant, qui répond avec un « langage enfant » de tendresse, d’affection et d’innocence. Par exemple, l’adulte peut exprimer des sentiments sexuels ou faire des avances à l’enfant, qui ne comprend pas la nature sexuelle de ces actions et y répond avec confusion, peur ou désir de plaire à l’adulte.
Cette situation crée un traumatisme chez l’enfant, qui se retrouve pris dans une situation qu’il ne peut pas comprendre ou contrôler.
Ferenczi a aussi critiqué la théorie freudienne de la séduction, qui postulait que les récits d’abus sexuels rapportés par les patients étaient très souvent le fruit de fantasmes plutôt que de souvenirs réels. Au contraire, Ferenczi soutenait que ces récits étaient pour la plupart le reflet de traumatismes réels et devaient être pris au sérieux dans le cadre de la thérapie.
3/ Théorie du trauma
Pour Ferenczi, le traumatisme est une expérience qui dépasse la capacité du Moi à y faire face. Cela contraste avec l’idée freudienne que le traumatisme est simplement une réactivation de conflits intrapsychiques préexistants. Ferenczi a soutenu que les traumatismes réels, notamment les abus sexuels, étaient souvent à l’origine des symptômes névrotiques et psychotiques.
Cette perspective est centrée sur l’idée que le traumatisme est une rupture de la continuité de l’expérience de l’individu, une rupture qui peut avoir des effets dévastateurs sur le Moi. Par exemple, un individu peut développer des symptômes d’anxiété, de dépression, de dissociation, de troubles de l’attachement, et d’autres symptômes de stress post-traumatique.
4/ Technique active en psychanalyse
Ferenczi a remis en question l’idée freudienne de la « neutralité » du thérapeute et a proposé une approche plus active, où le psychanalyste peut suggérer des interprétations et proposer des changements de comportement. Pour Ferenczi, le rôle de l’analysant n’est pas simplement d’écouter et d’interpréter, mais aussi d’aider le patient à comprendre et à changer. Pour Ferenczi, la thérapie n’était pas seulement une question de compréhension et d’interprétation, mais aussi de changement et de croissance. Il a mis l’accent sur l’importance de l’empathie et de la compréhension mutuelle dans la relation thérapeutique. Il a soutenu que le psychanalyste doit s’efforcer de comprendre le patient de l’intérieur, de se mettre à sa place, plutôt que de l’analyser de manière objective et distante.
La notion de travail conjoint du patient et du psychanalyste, proposée par Sándor Ferenczi, était révolutionnaire à l’époque et a jeté les bases de nombreuses théories et techniques psychanalytiques modernes. Son idée était que l’analysé et l’analysant ne sont pas de simples observateurs passifs, mais des participants actifs dans le processus psychanalytique.
Dans cette perspective, le transfert et le contre-transfert, deux concepts fondamentaux de la psychanalyse, ne sont pas seulement analysés par le thérapeute, mais également par le patient. Il a vu cela comme une opportunité pour le patient de gagner en introspection et en compréhension de ses propres processus internes, tout en aidant le thérapeute à rester conscient de ses propres réactions et à éviter les pièges du contre-transfert.
Lucas Bielli.
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